vendredi 28 septembre 2018

134.


  Les deux Atlantes sont tellement épuisés et assoiffés qu'ils ne parviennent plus à tenir debout. Ils parcourent les derniers kilomètres à quatre pattes, puis rampent jusqu'à l'oasis de Siwa.
  Enfin, Geb et Nout se désaltèrent dans l'eau douce du lac turquoise.
  Ils cueillent des végétaux pour s'en nourrir, se reposent un peu, avant de reprendre leur route pour rejoindre la grotte de la montagne blanche.
  Ils n'ont guère de difficulté à trouver la cavité rocheuse et franchissent son seuil. Nout veut descendre dans le tunnel qui se révèle face à eux, mais son compagnon lui indique qu'il doit au préalable prendre une disposition. Il cherche un gros rocher rond puis, de l'intérieur, il le pousse comme une porte coulissante jusqu'à obstruer entièrement le passage. Geb et Nout allument des torches et descendent au plus profond du tunnel jusqu'à atteindre une caverne circulaire.
  - Nous y voilà, annonce Geb.
  Les deux Atlantes déposent les deux jarres de terre cuite sur une plateforme rocheuse.
  - Maintenant, nous avons accompli ce que nous devions accomplir, dit Geb. Il y a une chance infime pour que cela soit lu, mais une chance quand même.
  Nout sort de sa poche deux fioles contenant un liquide bleu. Ils boivent le poison à tour de rôle.
  Tous deux s'étendent sur le sol. Ils ont encore les yeux ouverts et regardent le plafond couvert de stalactites. Nout vient poser sa main dans celle de son compagnon.

  - C'était bien, hein ? dit-elle.
  - La vie est facile quand tu acceptes l'existence que tu as reçue. Et que tu en profites un maximum.
  - J'ai adoré tout ce que j'ai vécu.
  - Moi aussi, grâce à toi, reconnaît-il.
  Ils inspirent amplement.
  - J'aimerais te retrouver plus tard, déclare-t-elle.
  - Comment pourrons-nous nous reconnaître ?
  Ils sentent que leurs cœurs, qui battent à l'unisson, commencent à ralentir.
  - Je porterai un collier avec un dauphin bleu en pendentif. Cela pourrait constituer un bon signe de reconnaissance, n'est-ce pas ?
  Ils s'embrassent, ferment les yeux et sourient.
  - Adieu, Nout.
  - Maintenant qu'on sait ce qu'il advient de nos âmes, disons-nous plutôt " au revoir "...



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