vendredi 28 septembre 2018

94.


  Geb ouvre les yeux et inspire. À chaque sortie de méditation, il a l'impression d'avoir rêvé et ressent le besoin de palper le contour de son corps pour reprendre possession de son enveloppe charnelle. Nout est, comme chaque fois, impatiente de l'écouter.
  - C'est bon. Né-hé m'a indiqué où nous pourrons cacher les jarres. C'est à plusieurs jours de marche, dans le sud.
  - Il nous faudra traverser une zone désertique tout en transportant les jarres ?
  - C'est pourquoi nous devons n'en utiliser que deux. Une jarre pour toi et une jarre pour moi. Ainsi, nous pourrons les porter sur le dos, fixées par des cordes.
  - Tu as commencé à rédiger les parchemins ?
  - Bien sûr, mais j'en ai encore pour un certain temps.
  Nout vient se blottir affectueusement dans ses bras et chuchote :
  - Je peux aussi écrire si cela peut accélérer l'opération.
  - Si tu veux.
  Il regarde l'horizon et repère encore des silhouettes de petits humains.
  - Ils sont de plus en plus nombreux.
  À ce moment précis, l'Atlante sent sourdre au fond de son cœur une émotion qu'il n'a découverte que récemment : l'inquiétude face à une menace inconnue. Il sait que la peur leur a fait défaut à un moment où elle était nécessaire. Mais maintenant qu'elle est là, elle ne les quitte plus. Comme seul soutien, il n'a que ce contact avec cet esprit du futur qui les guide.
  Par l'ouverture de leur maison de bois, il observe également ses congénères. Eux aussi ont perçu la menace que constituent ces indigènes qui affluent et les encerclent progressivement.

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