vendredi 28 septembre 2018

96.


  Geb écrit avec application sur le parchemin de papyrus grâce à une fine branche taillée en biseau qu'il trempe dans de l'encre.
  " Je m'appelle Geb et ceci est le témoignage de ce que j'ai vu et de ce que j'ai vécu.
  " Je suis né sur l'île de Ha-mem-ptah. Sur cette île a existé un monde, mon monde. Nous étions 800 000 habitants à y vivre heureux.
  " Nous en avons été chassés par une catastrophe naturelle. En un jour, une succession de tremblements de terre, d'éruptions volcaniques et l'apparition d'une haute vague ont détruit tout ce que nous avions bâti.
  " Notre civilisation a ainsi été engloutie.
  " Cependant, un petit groupe d'entre nous a pu fuir à temps et arriver ici, sur ce territoire beaucoup plus grand qu'une île. Ici où tout semble étrange. Les végétaux et les animaux sont minuscules... "
  Nout lit par-dessus son épaule.
  - Comment parviendra-t-il à comprendre notre langue ? demande-t-elle.
  - Je compte apprendre à René notre alphabet et notre vocabulaire. Comme nous communiquons facilement par l'esprit, il ne devrait pas être difficile de lui expliquer les bases de notre langue.
  - C'est un message que tu adresses à un homme du futur, n'oublie pas qu'ils auront forcément d'autres références.
  - Je lui expliquerai chaque mot. Le plus important est que ce texte existe et qu'il puisse le trouver.

  La trompette d'alerte résonne au loin. Geb et Nout sortent précipitamment de leur maison de bois. Ils voient un spectacle effrayant. Des collines alentour surgissent des milliers de petits humains armés de bâtons et de piques. Ils lancent des flèches dans leur direction.
  - C'est quoi ça ?
  - Je crois que c'est ce que Né-hé nomme " la guerre ". Les petits primates essaient de nous tuer.
  En effet, les minuscules humains s'élancent en nombre contre ces étrangers titanesques venus bâtir une ville sur leur territoire.
  Les flèches, aux pointes de silex taillé, et les lances, aux pointes durcies par le feu, n'arrivent pas à percer les épidermes atlantes, et s'y plantent comme de petites aiguilles.
  Les nouveaux arrivants sont pris à partie par les indigènes. Certains sont même escaladés par des centaines de petits individus en peaux de bête qui semblent vouloir leur nuire avec rage. Des petites femmes poussent des cris hostiles et brandissent des couteaux en silex qu'elles enfoncent dans leurs pieds.
  Heureusement, les géants n'ont guère de difficulté à repousser cette première offensive et à effrayer ces insignifiants adversaires.
  Alors, au signal de l'un d'entre eux, tous les assaillants battent en retraite et repartent comme un vol d'étourneaux.
  - Je crois que nous allons avoir des ennuis avec les autochtones, signale Nout en enlevant délicatement quelques flèches plantées dans sa cuisse.




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