vendredi 28 septembre 2018

115.

Jean-Charles de Villambreuse est surpris de voir ces six Français en uniforme bleu. Il les reçoit dans son bureau qui donne directement sur l'avenue du Général-de-Gaulle.
  - Vous avez bien fait de libérer les autres détenus. On parle uniquement de l'émeute de la prison et non de vous.
  - Je suis Gauthier Carlson, signale le journaliste, tu as dû me voir à la télévision. Il faut nous sauver. Je suis un ami proche de ton ministre des Affaires étrangères. Si tu nous sors de là, je lui en parlerai.
  - Écoutez, monsieur Carlson, je vous connais, évidemment, mais je préférerais que vous vous absteniez de citer mon nom. Je risque mon poste, si on apprend que je vous aide. Mais, surtout, cela peut créer un incident diplomatique entre nos deux pays. Enfin, je souhaiterais que vous me vouvoyiez. Après tout, même si vous apparaissez souvent à l'écran, je ne crois pas que nous nous connaissions.

  Le ton est suffisamment sec pour que le célèbre journaliste n'insiste pas.
  - Je suis désolé, dit spontanément René.
  - Je vais seulement vous demander d'être très discrets. Je vais vous fournir des vêtements qui vous feront passer plus facilement pour des touristes, mais je n'ai pas le temps de vous faire des passeports, il vous faut partir sur-le-champ.
  - Un bateau nous attend à Marsa Matruh, signale Opale.
  - Ah ? Ça pourrait résoudre le problème. Je vais vous prêter une voiture avec une plaque diplomatique. Partez vite, avant qu'ils n'installent des barrages à la sortie du Caire. Si la police vous arrête, appelez-moi immédiatement.
  Il leur tend un téléphone portable.
  - Nous vous devons beaucoup, dit René.
  - En fait, je ne sais pas pourquoi je fais ça, reconnaît le jeune diplomate. C'est comme s'il y avait au fond de moi un instinct qui me disait que c'est la bonne chose à accomplir. Et puis vous, monsieur Toledano, j'ai comme un sentiment de déjà-vu, comme si je vous connaissais depuis longtemps.
  J'adore ce type.
  - Parfois le salut tient à peu de chose, une intuition, ou ce fameux sentiment de déjà-vu, élude René.
  Jean-Charles de Villambreuse cherche dans son bureau et en sort des clefs.
  - C'est la Peugeot 509 garée en bas. Roulez prudemment, ce serait dommage de vous faire arrêter pour excès de vitesse par un motard trop zélé.
  René serre la clef et l'espoir revient. Opale lui adresse un geste admiratif sur la manière dont il a su gérer la situation.

  - C'était très impressionnant. Vous étiez aidé de qui " à l'intérieur " ? questionne-t-elle.
  - Un scorpion, répond-il.


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