vendredi 28 septembre 2018

64. MNEMOS. CES MOMENTS QU'ON A PRÉFÉRÉ OUBLIER.


L'histoire de France est remplie de trous : une multitude d'instants qu'on survole dans les manuels d'histoire ou qui sont même parfois complètement passés sous silence.
Citons-en deux :
Azincourt, 1415. Nous sommes pendant la guerre de Cent Ans. Henri V, roi d'Angleterre, débarque en Normandie et remonte vers le nord, pour revendiquer le trône. Le roi de France, à cette époque Charles VI, étant atteint d'une maladie mentale, c'est son ministre qui va mener la bataille. Elle se déroule dans la clairière du bois d'Azincourt. Vingt mille soldats français contre dix mille soldats anglais.
Les Français ont tout misé sur la cavalerie, les Anglais ont plutôt privilégié les archers. Or le terrain est mouillé et les flèches des Anglais tombent comme de la pluie sur les Français, stoppant ainsi les cavaliers. Les Français se retrouvent alors empêtrés dans la boue au milieu des cadavres. Bilan : 6 000 morts et 2 000 prisonniers côté français contre 600 morts côté anglais.
Le pire est que cette configuration avait déjà eu lieu à l'identique soixante ans plus tôt, lors de la bataille de Poitiers en 1356, qui confronte le roi français Jean II (dit Jean le Bon) à Édouard de Woodstock (dit le Prince Noir). Chaque fois que les chevaliers français, supérieurs en nombre, fonçaient de manière héroïque contre les Anglais, ils étaient arrêtés par une pluie de flèches lancées par les arcs à longue portée des archers anglais. Cette bataille aboutit ainsi à la capture de Jean le Bon et au paiement d'une rançon énorme au Prince Noir.
Pourtant, les livres d'histoire ne retiennent de la guerre de Cent Ans que le personnage de... Jeanne d'Arc, mise en vedette autour de 1870 pour signifier que si on a pu repousser les Anglais, on peut repousser les Allemands.
On pourrait également citer la Commune en 1871. À la suite de la défaite de Sedan contre l'Allemagne, la France doit payer des réparations. Les Parisiens s'insurgent contre le gouvernement d'Adolphe Thiers qui voulait, pour contenter les Allemands, désarmer la Garde nationale. Les Parisiens créent un gouvernement autonome : la Commune de Paris. Les Allemands demandent alors au gouvernement de Thiers, installé à Versailles, de " nettoyer Paris ". Une première armée est envoyée, mais refuse de tirer sur des concitoyens. Elle pactise ainsi avec ceux-là mêmes qu'elle devait combattre, avant de rejoindre les insurgés. Une seconde armée dépêchée fait de même. Thiers comprend qu'il faut trouver une autre stratégie : il recrute des troupes venant de provinces plus éloignées de Paris. Les guerres de Vendée, la croisade des Albigeois, etc., toutes les humiliations qu'elles ont subies sont ravivées afin de motiver les troupes. Et, de fait, c'est une sorte de guerre civile des provinciaux contre les Parisiens qui se met en marche, une guerre de Français contre Français pour satisfaire les Allemands qui surveillent la situation de loin. Les communards élèvent des barricades, et des affrontements se déroulent dans les rues. Au bout de deux mois de guérilla qui débouchent sur une semaine de massacres et de fusillades systématiques, les Versaillais finissent par reprendre la ville. S'ensuivent des procès éclair, des exécutions sommaires et la déportation des communards en Nouvelle-Calédonie. Le nombre de morts se situe entre 20 000 et 30 000.
Ces événements ont été sinon oubliés, disons peu développés par les livres d'histoire officiels.




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