vendredi 28 septembre 2018

71.


  Au troisième jour de traversée, plusieurs passagers réclament de faire demi-tour.
  - Peut-être que l'île a fini par remonter, propose un Atlante optimiste.
  - Peut-être que le sommet du volcan est encore émergé, suggère un autre.
  - Peut-être qu'il y a des rescapés flottant sur des planches.
  - Peut-être qu'il existe une côte plus proche vers l'ouest.
  Ainsi, après la peur, la colère et la tristesse, les Atlantes découvrent les dissensions internes. Mais, comme il n'y a qu'un bateau, ils ne peuvent se séparer. Un débat de plus en plus animé oppose ceux qui veulent continuer vers l'est et ceux qui veulent revenir vers l'ouest.
  Chacun est persuadé d'avoir raison. Le ton monte. Une bousculade succède à une gifle.
  Certains en viennent aux mains, jusqu'à ce que Geb, bénéficiant de l'autorité de sauveur et de capitaine, parvienne à les calmer en leur rappelant qu'ils doivent avant tout survivre pour fonder une nouvelle colonie et préserver le souvenir de leur civilisation.

  Nout apaise les passagers en entonnant des chants qui, cette fois, ne se contentent pas de glorifier leur civilisation disparue, mais annoncent sa renaissance sur un nouveau territoire. Ils chantent avec elle et cela les rassure un peu. Pas tous, mais la plupart.
  Comprenant qu'il lui faut fournir à ses congénères d'autres gages de sécurité, Geb fait une déclaration dans laquelle il leur parle de René. Il leur apprend que cet homme du futur qui vient le visiter lui a déjà confié l'emplacement précis d'un lieu où ils pourront s'installer en toute quiétude.
  Il rappelle que c'est René qui est à l'initiative de ce projet de sauvegarde et, pour ne pas l'oublier, ils décident de nommer leur propre bateau Le René. Dans leur langue, cela donne quelque chose comme " Râ-Néhé ".

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